Le partenariat international de recherche sur les techniques et technologies du cinéma TECHNÈS vise à repenser l’histoire du cinéma et ses méthodes en interrogeant les techniques et les technologies qui ont accompagné les mutations du médium depuis le dix-neuvième siècle. TECHNÈS entend réaliser cet ambitieux programme par la création d’un espace de dialogue sans précédent entre universités, cinémathèques, écoles de cinéma, centres d’archives, ainsi qu’entre chercheurs et techniciens.
L’origine du projet procède d’un constat partagé portant sur un bouleversement dans l’écologie médiatique contemporaine. En effet, au cours des dernières décennies, l’industrie cinématographique a connu une série de transformations touchant à son identité même. Alors que depuis les années 1890 la quasi-intégralité des productions filmiques avait pour vecteur une émulsion photosensible déposée sur un support pelliculaire souple et transparent, quelques années ont suffi pour que les films soient désormais diffusés sous forme de fichiers numériques au terme d’un processus de production n’impliquant bien souvent aucune étape argentique. Ce changement de mode de création des images en mouvement a eu des répercussions majeures sur l’industrie cinématographique, et cela tant aux niveaux social, économique qu’esthétique.
Ces mutations ont aussi eu des conséquences sur les études cinématographiques. Faire face à ce constat nécessite que l’on assume pleinement l’intégration des dimensions techniques aux réflexions scientifiques portant aussi bien sur l’histoire que sur l’esthétique du cinéma. En effet, si le cinéma a été perçu d’emblée comme un « média technique », son historiographie et sa théorie ont rapidement sous-évalué cette dimension. Cela n’a pu que résulter en une méconnaissance des articulations complexes entre machines, structures économiques, usages, formes, créations et pratiques culturelles.