Richard Bégin
- On 10 août 2018
Cochercheur, Professeur adjoint, Département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques, Université de Montréal
Mes intérêts de recherche tournent depuis plusieurs années autour des problématiques soulevées d’abord par les figures de la démesure, du chaos et de la décadence associées aux cinémas baroque et de science-fiction, puis, plus largement, par les représentations cinématographiques du désastre, de la violence et de la catastrophe. Plus récemment, mes recherches se sont étendues aux images traumatiques captées par les téléphones portables « intelligents » et à la circulation de celles-ci dans l’Internet. Ces images devenues véritables « choses publiques » et présentant crument la violence de catastrophes naturelles, d’actes terroristes ou de manifestations sanglantes, permettent non seulement d’entrevoir l’établissement d’une nouvelle esthétique du désastre, elles inaugurent une transformation en profondeur de la question du spectaculaire et de l’identité même de la forme cinématographique à l’ère de la mobilité numérique. Les auteurs les plus fréquemment abordés dans mes travaux sont Bruno Latour, Don Ihde, Michel Foucault, Peter Sloterdijk, Aby Warburg et Andrew Feenberg.
Dans mes recherches, j’accorde une importance particulière à la question des techniques et des technologies, ainsi qu’à leurs conséquences esthétiques, sociales et culturelles. De sorte que mes travaux ont pour méthode épistémologique principale la recherche en archéologie des médias et en philosophie de la technique. Mon intérêt pour la culture numérique teinte mon approche du cinéma populaire en général et du cinéma de science-fiction en particulier en ce que ceux-ci m’apparaissent être aujourd’hui symptomatiques d’un nouveau régime de visualité initié, entre autre, par les paradigmes de l’immersion, de la virtualisation et de la remédiation.
Mes plus récentes publications proposent l’analyse de la « mobilographie » (l’écriture de la mobilité) permise par les différents dispositifs portables, lesquels rendent possible la production d’images ayant pour référence privilégiée le corps du sujet filmant. En ce sens, la question de ce que j’appelle la « corporéité instrumentée » s’avère centrale à mes recherches et me permet de penser sur nouveaux frais la théorie des attractions en regard de la perception corporelle et de la production d’images somatiques.