Godard / Machines
- On 13 novembre 2020
Antoine de Baecque, Gilles Mouëllic (dir.)
Éditions Yellow Now / 2020
Jean-Luc Godard est sans doute le cinéaste dont l’œuvre a interrogé avec le plus de constance et de lucidité la place des machines dans le monde du cinéma. Godard devant la fameuse table de montage Steenbeck, Godard devant un banc de montage vidéo ou face à la machine à écrire des Histoire(s) du cinéma : nombreuses sont les représentations du cinéaste en technicien manipulant les appareils. Mais, au-delà de la photogénie de Godard en artisan solitaire, ses films semblent parcourir et interroger sans cesse les liens entre cinéma et machines, de l’imposante caméra Mitchell NBC qui ouvre Le Mépris (1963)à l’installation vidéo de Numéro deux (1975), du ballet de caméras montées sur des grues devant les tableaux de Passion (1982) aux images de défilement dela pellicule qui ponctuent les Histoire(s) du cinéma (1988-1998). Quand, dans Soigne ta droite (1987), il filme les Rita Mitsouko en plein enregistrement de leur nouveau disque, vingt années après avoir passé trois nuits avec les Rolling Stones à l’Olympic Studio de Londres pour One + One (1968), il s’agit encore pour Godard d’observer des musiciens face à des machines, fasciné sans doute par une forme d’autonomie qu’il va lui-même conquérir peu à peu jusqu’au Livre d’image(2019), entièrement réalisé à partir d’images et de sons préexistants.